CRÉDIT

Crédit : faut-il se dépêcher d’emprunter ?

Dans ce contexte macro-économique d’après pandémie, les banques réalisent de très bons résultats grâce notamment au nombre de crédits réalisés et à leur encours qui augmente. Pourquoi les particuliers se ruent sur les crédits ? Est-ce le meilleur moment pour financer son projet ?

Une situation similaire aux années 70 ?

Il semblerait que ce soit maintenant le meilleur moment pour emprunter de l’argent, car vous pourrez alors le rembourser avec un maximum de rentabilité.

Stéphanie Villers, spécialiste de la macroéconomie, affirme que même si le taux d’emprunt est passé de 1% sur 20 ans en janvier à 1,85% aujourd’hui, il reste inférieur au taux d’inflation actuel de 6% en France. Le taux d’emprunt réel est donc très favorable car il est majoritairement négatif.

Selon Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’épargne, cette période est idéale pour emprunter de l’argent, surtout si votre salaire augmente avec l’inflation. Dans les années 1970 et 1980, beaucoup de gens profitaient des taux réels comme aujourd’hui et achetaient une maison. L’expert pense qu’il s’agit d’une opportunité rare, similaire à cette période.

Selon la Banque de France, le nombre des prêts aux particuliers progressent. En juin 2018, les prêts ont augmenté de 6,2 % par rapport à l’année précédente, et en juillet 2018 une estimation de 6,5 %. Ces chiffres n’ont pas été atteints depuis les records du début de l’année 2019, avant la crise sanitaire. Selon Philippe Crevel, les amateurs d’immobilier ne s’y trompent pas.

Bien que l’économie puisse être bonne pour les investissements à court terme, elle n’est toujours pas idéale pour les emprunts à long terme. La raison en est que le public français voit une grande différence entre l’inflation et les taux d’intérêt, et ne ressent pas la nécessité d’une telle précipitation. Stéphanie Villers est d’accord, disant que la plupart des gens en France n’ont pas beaucoup d’idées sur ce que sera la situation économique ou leur avenir professionnel, et pense que ce n’est pas le bon moment pour emprunter.

Un sondage Ifop réalisé pour Cafpi suggère que si la situation est bonne, elle n’est bonne que pour les personnes qui ont un emploi stable et des revenus suffisants pour voir les changements venir. Cela laisse de côté beaucoup de monde, puisque 79 % des Français pensent que nous sommes toujours en crise, 66 % craignent que l’inflation n’affecte leur capacité à obtenir un crédit, et 57 % pensent que l’inflation pourrait affecter leurs projets d’achat.

Un avantage qui pourrait évoluer rapidement

Le professeur d’économie François Geerolf étudie les questions d’investissement. Il informe que depuis la crise sanitaire, le marché immobilier connaît des événements inhabituels, comme une baisse des prix des loyers à Paris ou une augmentation de l’achat de surfaces adaptées au télétravail.

Cependant, selon le professeur, il n’est pas certain que ces tendances soient durables. Une autre situation qui favorise l’attente et l’espoir est une baisse future des prix de l’immobilier. Or, selon le professeur, cette situation est peu susceptible de se produire en France. Parmi les pays développés, le prix de l’immobilier en France n’a pas augmenté de manière exceptionnelle, il ne devrait donc pas y avoir de baisse significative des prix.

Selon Stéphanie Villers, le temps presse pour contracter des emprunts. Le 21 juillet, la Banque centrale européenne a augmenté ses taux d’intérêt et le pic de l’inflation semble imminent. Cette situation devrait faire augmenter encore le coût d’emprunt. Si quelqu’un devait emprunter de l’argent, son taux d’emprunt réel serait inférieur à ce qu’il serait actuellement, a-t-elle ajouté.

Les Français devraient emprunter maintenant, plutôt qu’attendre, selon Philippe Crevel. Il dit que dans quelques mois, les conditions seront beaucoup plus difficiles, et le taux d’intérêt moyen des hypothèques pourrait être de 3 %. Le 29 juin, la Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM) rapportait dans son rapport semestriel que le marché immobilier est dans une phase turbulente et que l’activité devrait fortement chuter d’ici la fin de l’année.

Même si emprunter de l’argent n’est pas rentable, les difficultés d’une économie peuvent aider à espérer des temps meilleurs selon François Geerolf. L’immobilier est souvent considéré comme une valeur refuge en ces temps chaotiques, bien qu’il soit lié au reste du marché.

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